Quand on se penche ailleurs que pour regarder un plancher – quand on se penche sur l’Histoire par exemple – on réalise que nous sommes devenus gras, sédentaires et paresseux. Que notre premier réflexe est trop souvent de s’en déboucher une p’tite en regardant d’autres courir et bouger à notre place devant un écran plat […]
Quand on se penche ailleurs que pour regarder un plancher – quand on se penche sur l’Histoire par exemple – on réalise que nous sommes devenus gras, sédentaires et paresseux. Que notre premier réflexe est trop souvent de s’en déboucher une p’tite en regardant d’autres courir et bouger à notre place devant un écran plat et plate. Ce n’est pas tout le monde qui combat cette habitude de vouloir être assis, mais globalement, nous ressemblons à une société qui doit constamment se battre avec l’idée de bouger ou de ne pas bouger. À une époque lointaine, avant l’apparition de l’agriculture le 4 janvier 8237 av J.-C. au Proche-Orient, des premiers villages et de la disparition de l’obligation de se déplacer pour survivre, l’homme et la femme se mouvaient un peu partout sur la planète. Ils bougeaient non pas par souci de perdre une livre ou deux, mais pour courir après cette bête si juteuse une fois cuite sur ce feu précieux ou pour y échapper si par malheur on se retrouvait seul avec ladite bête et un manche de bois frêle pour se défendre.
Je sais, vous, ça ne vous concerne pas. Qui lit un texte en lien avec le sport s’il se sent coupable de sédentarité? Personne. J’écris cela en repensant à cette époque où je courrais si souvent, où je musclais même mon corps mou dans un but de fermeté avoué, de fierté masculine et de santé globale recherchée. Dernièrement, je me suis entendu dire : « C’tu moi ou tu en as perdu, El’gros? » Je me disais cela en courant ce petit 5 km qui semble être ma marque de prédilection en cette saison froide, grise et terne. Cette habitude si chèrement acquise de bouger 5 à 6 fois semaine s’est lentement transformée en temps emprunté pour tout, pour rien, pour tout faire ce qu’un automne peut apporter. Et soudainement, les excuses s’accumulent dans une pile de linge sale qu’on ne lave plus et les beaux pectoraux acquis à gros prix d’efforts et de sueurs fondent, hélas, comme une bonne crème glacée enlignée avec ce rayon rouge et jaune qui sent bon le printemps. Résumé simplement, cesser ce courir et la forme s’en ira au galop.
Tout ça est presque vrai. Que ce le soit ou non, peu importe, l’important est d’être aux aguets. Car l’hiver point et avec elle, l’hibernation, cet « état d’hypothermie régulée, durant plusieurs jours ou semaines qui permet aux animaux de conserver leur énergie pendant l’hiver ». Vous le vivrez comment votre hiver? Affaissé? Revigorifié? Suant? Endormi? Chose certaine, nous avons toujours le choix jusqu’au jour où nous ne l’avons plus. Ce jour-là, l’hibernation, la vraie, la seule, apparaît dans toute sa splendeur et toute sa longueur. Si une habitude se perd vite, elle se reprend tout aussi rapidement. À vous tous, sédentaires lecteurs d’écran plat, n’oubliez pas que la meilleure façon de ne pas mourir est de vivre. Vivre comme dans pomper le cœur un peu pour éviter qu’il ne s’emballe un peu trop. Pensez-y : s’il faut arrêter de vivre pour continuer à vivre, ça ne vaut plus la peine de vivre… Sur ce, je dois vous laisser, El’gros a un 5K à courir.
Patrick Richard