Vous êtes-vous déjà projetés dans l’avenir afin de visualiser ce que vous pourriez devenir, et ce, dans tous les domaines de votre vie? Le projet Horizon 2035 représente un peu cette idée, mais à l’échelle de la société et dans le domaine des saines habitudes de vie. Rappelons que ce projet de développement social et durable, mis sur pied par le Centre Multisports, vise à créer, en l’espace d’une génération, un milieu de vie favorable dans tout Vaudreuil-Soulanges pour inciter les jeunes à bouger et ainsi vieillir en santé. Beau défi, mandat louable, mobilisation requise. Car aux paroles des uns doivent impérativement se rattacher les actions des autres pour voir ce projet émerger, perdurer et atteindre sa cible. Afin de faire le point sur Horizon 2035, nous avons sondé le pouls de quatre maires de la MRC, soit ceux de Vaudreuil-Dorion, de Pincourt, de Rigaud et de Saint-Polycarpe.
Les élus municipaux sont les plus près des citoyens et souvent ceux qui sont les mieux placés pour rendre compte du bien-être de leur ville et de la communauté qu’ils administrent. Les 23 maires de notre MRC ont ainsi un rôle important à jouer : leur opinion compte et dans un projet comme celui d’Horizon 2035, ils deviennent des porte-parole incontournables, des acteurs de premier plan et des chaînons importants à la mobilisation qu’exige une telle visée. Si les citoyens remettent sur le dos des élus municipaux des pouvoirs qu’ils n’ont pas, il n’en demeure pas moins que les maires possèdent les clés de certaines portes sujettes à mener vers la voie à suivre. Mais quel véritable rôle peut jouer une municipalité dans ce projet? Quelle place doit prendre la pratique du sport et les saines habitudes de vie dans la communauté? Quels ingrédients faut-il réunir pour l’obtention d’une recette gagnante susceptible de plaire à la prochaine génération?
Ces questions ont nourri nos discussions avec les maires Guy Pilon, Yvan Cardinal, Hans Gruenwald et Jean-Yves Poirier.
La ville comme milieu de vie Yvan Cardinal, maire de Pincourt réélu en novembre 2013, s’y connaît lorsque vient le temps de parler sport. Ancien professeur d’éducation physique, il a assisté au cours des 35 années de sa carrière à une longue stagnation avant de connaître, dans les dernières années, un éveil pour la pratique du sport en milieu scolaire. « J’ai passé près de faire une carrière de 35 ans sans amélioration, note d’ailleurs l’élu au sujet de l’enseignement qu’il a donné à des milliers d’étudiants. Maintenant, l’activité physique est plus généralisée, elle ne se limite pas à des groupes de coureurs ou de cyclistes, elle fait partie de la famille. Ce n’est plus limité aux sports organisés. » Face à cette nouvelle réalité, les municipalités n’ont d’autres choix, selon le maire, que d’offrir des services en complémentarité à ce que fait une institution comme le Centre Multisports : « Ce n’est pas dans nos compétences normales, mais une ville, c’est d’abord un milieu de vie où on fait la promotion et où on donne les infrastructures pour l’activité physique », croit-il.
Son acolyte, le maire Guy Pilon, qui a roulé 135 km en vélo lors de la Grande Boucle en juin, souligne lui aussi l’évolution dans la prévention de la santé et des saines habitudes de vie : « Ça évolue dans le bon sens, dit-il. Les mentalités ont changé, c’est normal de faire du sport, c’est même anormal de ne pas en faire et de ne pas donner la possibilité à tes citoyens d’en faire. » Sur le plan municipal, le maire Pilon croit plus que jamais que le rôle d’une ville est d’offrir les infrastructures nécessaires et une aide monétaire favorisant l’inclusion, une valeur chère au maire : « Ce n’est pas à la ville de tout faire, avoue-t-il, mais c’est à la ville de donner les moyens de faire les choses. On doit créer des environnements favorables par la présence d’infrastructures et par de l’aide monétaire. »
Quand on approche les lignes ontariennes, les réalités de Jean-Yves Poirier, maire de Saint-Polycarpe, et d’Hans Gruenwald, maire de Rigaud, ne diffèrent pas tellement de leurs confrères. Pour le maire Gruenwald, qui se fait un devoir de marcher quotidiennement entre 30 et 60 minutes, la proximité du mont Rigaud confère un rôle particulier à sa municipalité et aux citoyens qui vont y marcher : « Continuellement, on s’ajuste, on renouvelle nos idées et nos méthodes, raconte-t-il. On travaille constamment sur notre réseau pour que les gens puissent jouir des sentiers sans se nuire les uns les autres. Tu ne dépenses pas toutes ces énergies-là sans appuyer un projet comme celui que monsieur Besner est venu nous montrer ici. Je suis totalement en accord avec ça, et ça va avoir des retombées importantes sur la société et les gens autour de nous. »
Du côté de Saint-Polycarpe, le maire Jean-Yves Poirier, adepte de vélo, de marche et, quand l’occasion se présente, de golf, expose une image qui en dit long sur l’état actuel de la pratique du sport : « Les parents d’aujourd’hui chialent après leur enfant pour leur dire de sortir, tandis qu’à l’époque, mes parents chialaient après moi pour me dire de rentrer! » Selon lui, la réussite du projet Horizon 2035 passe par un suivi rigoureux et un engagement tous azimuts, notamment de la part des parents. Mais au-delà de l’engagement et des infrastructures qui sont nécessaires, au-delà même des ressources humaines ou financières qui sont essentielles, l’un des nerfs de la guerre, selon lui, se cache dans les résultats : « Au conseil, on se remet en question, on se fait demander si on a fait le bon choix, explique-t-il. Il faut arriver avec des arguments pour faire la démonstration que nous avons fait le bon choix, que c’est pertinent et que nous avons des résultats. Ces résultats garantissent la pérennité dans le développement de l’offre. » Cette position rejoint également celle du maire Pilon : « Nous devrons regarder les résultats, faire des choix et nous concentrer dans les endroits où il y a une possibilité de développement », précise-t-il.
Horizon vingt-trente-cinq, comme on nomme parfois le projet, propose une aventure qui va directement dans la lignée de ce qu’on voit et de qu’on entend en terme de prévention et d’éducation des saines habitudes de vie ces dernières années. Un projet de son temps, semblent dire les maires à l’unisson. Et personne n’est contre la vertu, serait-on tenté d’ajouter. Si le projet veut se donner toutes les chances de réussir et atteindre ses
objectifs, il devra être entendu et soutenu afin que le plus grand nombre se l’approprie :
« Tout le monde travaille pour la même chose, soit de faire bouger les gens, précise Yvan Cardinal. Ce sont avec les partenariats entre les municipalités et le Centre Multisports qu’on pourra s’assurer du succès. On poursuit les mêmes objectifs. Trouvons maintenant comment nous pouvons être complémentaires les uns avec les autres. » Est-ce que cette complémentarité passera par l’argent? Argent et engagement, aux dires du maire Pilon, seront les invités d’honneur à cette grande table sportive : « Le Projet Horizon 2035 est très positif, mais il faut que les villes embarquent dans le projet. L’argent doit suivre les paroles. » En attendant les premiers résultats et le déploiement du projet cet automne, la table est mise pour un buffet santé invitant non seulement les élus, les sportifs et les organisateurs d’Horizon 2035, mais surtout la population tout entière à partager la bonne idée et à s’approprier le projet. Quelqu’un pourra alors demander : « Un petit groupe de citoyens engagés de tout leur cœur peut-il changer le monde? » Ce à quoi on répondra : « Oui, et c’est bien la seule manière dont on y soit jamais arrivé. »