Tout, mais vraiment tout du jogging m’énerve. Ces gens qui en parlent, qui se demandent si tel ou tel soulier fera l’affaire, s’ils participeront à un 10 kilomètres ou à un demi-marathon, s’ils courent ou non en groupe, en écoutant du indie rock, en dedans ou en dehors, avec des caleçons blancs ou des bas noirs.
Désirant esquiver toutes ces conversations de joggeurs assumés, je m’enfuyais un jour sur ma page Facebook, à la recherche inconsciente d’un statut quelconque avec une vidéo de chat. Et qu’est-ce que je vois? Exactement quelqu’un qui publie un statut imagé d’une carte routière avec un trajet rougeâtre et la mention « Chose a couru 6.6 km en 30 minutes ». So what, Chose? Qu’est-ce que cela peut-il bien me faire? Pour moi, c’est un peu comme d’écrire « Patente a fait cuire un spaghat en sept minutes » avec une carte routière de sa cuisine. Aussi inintéressant. Je pensais à tout cela ainsi qu’au taux de diabète chez les tribus berbères du 3e siècle quand j’ai réalisé que je marchais depuis un an et demi. Pas de façon continue, ni même de façon constante, mais au moins de temps en temps et de plus en plus souvent. Puis un matin, la personne que j’accompagnais, ma femme, s’est mise à courir. Juste un peu. Une minute pour commencer. Suivi d’une minute de marche, et ainsi de suite. Moi, j’ai continué de marcher. Je n’aime pas la course, mal dans le genou que je me disais. Mal de genou… J’en étais dans mes derniers retranchements, dans un souvenir de mal de genou vieux de huit ans au retour d’une course de 3 km courue sans aucune préparation. Quasiment en sabots. Un peu comme le gars couché sur un lit d’hôpital avec une trachéotomie et qui se dit qu’il serait bien d’arrêter de fumer, je ne voyais plus d’autres issues que celle de commencer à courir. Moi, ex-roux et profane de la course à pied, j’allais me mettre à courir.
Le lendemain, j’ai donc couru une première minute avec ma blonde et passé les 20 suivantes à marcher en pensant aux véritables raisons pour lesquelles je ne courais plus. Je n’ai rien trouvé. J’ai donc recouru le lendemain, deux minutes, puis le surlendemain, trois ou quatre minutes de plus, et ainsi de suite, je me suis mis à courir presque quotidiennement, goûtant un peu plus à cette drogue gratuite, légale et en tout temps disponible. J’en étais venu à me dire « Quand vais-je courir » et non plus « Et si je courais »? J’ai suivi un petit programme très simple, programme que l’on peut trouver sur Internet en tapant « Petit programme simple du joggeur ». Je cours parce que c’est facile, je cours parce que je peux le faire tout le temps, partout, je cours parce que c’est devenu méditatif, parce que c’est devenu un rendez-vous obligé avec moi-même. Le sport, c’est un peu ça finalement : un rendez-vous avec soi-même qu’on ne peut pas manquer. Nous avons tous le choix de bouger ou non, je vous souhaite de faire le bon et de trouver la motivation de vous lever. Et pas besoin de publier vos résultats sur Facebook, vous existez déjà pour vous-même. On s’inspire par l’exemple et non par des statuts qui ne veulent rien dire.
Par : Patrick Richard