C’est un vendredi soir après le souper et l’envie irrésistible te prend. Tu penses au sac de chips bien caché dans l’armoire et l’envie ne passe pas. Tu as terriblement envie d’en manger. Tu essaies de penser à d’autres choses, mais l’envie ne cesse de revenir. Tu as un « craving ». Tu ne veux pas succomber, car tu sais que si tu en manges, tu auras de la difficulté à t’arrêter.
Cette situation t’est probablement déjà arrivée dans le passé. En fait, c’est normal d’avoir des « cravings ». Par contre, si ceux-ci arrivent fréquemment, qu’ils nuisent à ton bien-être ou te mènent à ressentir de la culpabilité, c’est à ce moment qu’on veut tenter de mieux comprendre la situation pour intervenir. Voici donc quelques pistes afin de mieux comprendre les causes possibles des « cravings ».
Une des premières choses à vérifier chez les gens qui ont souvent des « cravings » est de voir si leur alimentation est équilibrée et leurs besoins comblés. Par exemple, quelqu’un qui ne comblerait pas ses besoins en glucides pourrait avoir tendance à vouloir en consommer davantage, surtout sous sa forme simple, afin d’éventuellement mieux combler ces besoins. Ainsi, si j’ai mangé une salade avec du poulet pour le diner en essayant de me tenir loin des pâtes, du riz ou du pain, je pourrais avoir tendance à vouloir manger du gâteau, des muffins, des chips ou du popcorn a un autre moment de la journée afin de réaugmenter mes glucides journaliers. Le tout se répète également habituellement chez les gens qui ne comblent pas leurs besoins en calories… le corps aime bien être en équilibre.
Il est normal d’avoir faim 3 à 4 heures après un repas. Ainsi, si tu passes beaucoup plus de temps sans manger, il se peut que ton corps ressente davantage de craving ou ait de la difficulté à s’arrêter lors des apports. Notre corps est intelligent et son but est habituellement de rétablir un certain équilibre, et ce, le plus rapidement possible. S’il manque d’énergie, son but sera donc de se retourner vers des aliments sucré et souvent plus gras afin de s’assurer que le déficit calorique qui était en train de s’installer est vite rétabli. Plus la faim est présente, plus le but de notre corps est de remédier à la situation rapidement même si cela nous fait dépasser les besoins nécessaires afin de rétablir l’équilibre. Tu peux te référer à l’article sur les collations afin d’en apprendre davantage sur cette situation.
Une des causes qui revient fréquemment chez les gens qui ont souvent des « cravings » est l’insatisfaction alimentaire. En effet, si je n’ai pas été satisfait de ce que j’ai mangé à mon dernier repas, j’ai beaucoup plus de chance d’avoir l’impression de rester sur ma faim et d’avoir envie de combler ce besoin autrement. En fait, on voudrait idéalement maximiser les couleurs, les textures et les saveurs afin de retirer de notre repas un maximum de satisfaction. Tu as envie du croustillant des chips? Pourquoi ne pas en rajouter en garniture à ton repas ou en à côté? On rappelle ici qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais aliment : tout est une question de portion et de fréquence. En augmentant ta satisfaction de jour en jour, tu minimises les risques d’avoir des « cravings » fréquents et incontrôlables. Dépendamment de tes envies, l’obtention du croustillant pourrait également être obtenue avec des noix, des craquelins, du maïs séchés, des légumes crus : on veut de la diversité!
« Ne pense pas à un éléphant rose ». Je suis presque certaine que la première chose à laquelle tu as pensé en lisant cette phrase était un éléphant rose. Cet exemple est très simple, mais démontre très facilement ce que le cerveau a tendance à faire si on lui donne des contraintes et la nourriture n’en fait pas exception. En se disant qu’on ne peut pas manger de pains, de chips ou de jujubes, on a habituellement tendance à en vouloir encore plus que d’habitude si c’est des aliments qu’on aime. Et non, pas parce que le « sucre est une drogue » comme certains le prétendent faussement, mais plutôt puisqu’on aura tendance à y penser plus fréquemment et à imaginer l’interdit comme étant plus attrayant. Bien entendu, si on s’empêche pour des causes d’allergies, de préférence alimentaires, de valeur ou de troubles digestifs ce n’est pas la même situation puisque d’autres facteurs et conséquences nous aident à dicter notre prise de décision. Bref, s’interdire des groupes alimentaires pour des raisons non décisives augmente les risques d’avoir encore plus envie de ses aliments.
Tu as maintenant pris connaissance de certaines causes des « craving ». Sache qu’avoir des « cravings » est tout à fait normal, mais si ceux-ci nuisent à ton bien-être, c’est quelque chose qui peut être travaillé avec l’aide d’une nutritionniste et/ou psychologue. Il n’est jamais trop tard pour améliorer ta relation avec la nourriture et ta qualité de vie.
Par : Joanie Séguin, Dt. P.
Nutritionniste, Clinique Hexa Physio