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[vc_row unlock_row_content= »yes » row_height_percent= »0″ overlay_alpha= »50″ gutter_size= »3″ shift_y= »0″][vc_column][vc_custom_heading heading_semantic= »h1″ text_size= » »]VINCENT LAVOIE :
UN SEXAGÉNAIRE SUR LE TATAMI[/vc_custom_heading][vc_column_text]Si le judo était l’un de ses organes, il occuperait possiblement la place du cervelet, siège de la coordination des mouvements et de la motricité fine, et aussi de la mémoire procédurale, celle des automatismes moteurs. À 64 ans, Vincent Lavoie fait figure d’exception sur les tatamis, tapis sur lesquels les judokas s’exercent, s’entraînent et compétitionnent. Non seulement il participe aux plus importantes compétitions au monde, mais il cumule aussi les victoires. « Je fais un peu tourner les têtes quand je me présente, affirme-t-il. Mais beaucoup de gens me connaissent. » Beaucoup ? Pas suffisamment. Portrait d’un athlète humble, posé et fier représentant du Centre Multisports.
La rencontre de Vincent Lavoie avec le judo a lieu à 400 milles de Montréal, là où les eaux se séparent pour interpréter le terme algonquin d’où découlerait le mot Abitibi. Nous sommes au milieu des années 1960 et le destin veut qu’un immigrant français donne des leçons de judo aux jeunes qui cherchent à tuer le temps. Invité à joindre le club par un ami qu’il côtoie encore aujourd’hui, Vincent Lavoie apprend les rudiments d’un art qui façonne lentement, mais sûrement, l’homme qu’il devient. Âge d’or de son apprentissage comme il le décrit lui-même, cette période faste le mène dans différents tournois jusqu’à ce qu’il quitte la région après sa sortie du CÉGEP. S’ensuit alors un chemin de vie mouvementée qui le mène aux quatre coins du monde. Tout juste avant d’avoir 30 ans, il part en Europe pour le travail et passe finalement 22 ans sur le continent européen et en Asie où il poursuit pendant un certain temps les compétitions de judo de haut niveau entre ses contrats en informatique. « Le judo m’a permis de rencontrer beaucoup de monde dans bien des pays, raconte l’athlète de 64 ans. Mon intégration n’aurait pas été la même sans le sport ». Sans délaisser la pratique du judo, il s’éloigne lentement des compétitions, surtout pour éviter les blessures.
De retour au Canada il y a une quinzaine d’années, l’homme revient lentement à la compétition en raison, notamment, de l’effervescence que suscitent les tournois majeurs chez les plus vieux adeptes de la discipline. La catégorie vétéran, comprenant souvent les judokas de 30 et plus, accueille de plus en plus des gens de 40, 50 et 60 ans. Si bien que les organisateurs des compétitions internationales ouvrent rapidement une catégorie pour les 50 ans et plus. Il y a une dizaine d’années, au moment de son retour sur les tatamis des plus importants rendez-vous de judo, Vincent Lavoie remporte le prix du meilleur athlète d’un tournoi présenté à Montréal. Partout où il passe, il performe et démontre que le travail, la volonté et la discipline viennent bien souvent à bout de l’âge quand il s’agit d’affronter un partenaire parfois deux fois plus jeune que soi : « Plusieurs gens viennent me voir, me parlent et disent que je suis une inspiration, avoue-t-il en riant. Je veux juste avoir du plaisir, gagne ou perd, je donne mon maximum. J’ai une très bonne technique. Et comme dans n’importe quel sport, avec une bonne technique, on peut venir à bout de quelqu’un de plus jeune et de plus fort. C’est ce qui nous sauve. Une des raisons pourquoi j’ai encore du succès contre les plus jeunes est que j’ai pratiqué du judo de très haut niveau ». L’expérience joue certainement un rôle pour celui qui a passé à deux cheveux de représenter son pays aux Jeux olympiques. En 1976, aux Jeux olympiques de Montréal, il se blesse, mais demeure tout de même aspirant sur l’équipe nationale. Quatre ans plus tard, à Moscou, il figure parmi les trois meilleurs judokas au pays, mais le Canada boycotte les Jeux en appui aux États-Unis qui protestent contre l’invasion soviétique de l’Afghanistan. Une grande déception qui n’a jamais tourné en regret. Ses apprentissages passés servent maintenant les élèves qui suivent son enseignement au Centre Multisports, club qu’il représente sur la scène internationale.
Au-delà de ses victoires et de son expérience sur la scène mondiale de judo, Vincent Lavoie incarne un athlète accompli en raison de son amour et de sa pratique du sport en général et de sa connaissance aiguë des nombreuses techniques de judo en particulier apprises au fil de ses pérégrinations : « Les champions d’antan étaient bons pour l’époque, mais n’auraient pas de chance contre les champions modernes, croit l’enseignant. Ça évolue continuellement. Si on veut aller loin, il faut être varié et pas faible dans rien. J’ai beaucoup de plaisir à enseigner aux jeunes et à apprendre. Même à mon âge. » Un demi-siècle dans l’apprentissage du judo sur trois continents confère à l’homme une autorité en la matière. Il pointe la popularité qu’a connue le judo dans les dernières 30 années et l’influence culturelle d’autres disciplines qui ont changé le visage de cet art né au Japon sans toutefois le dénaturer. Le jit-su moderne pratiqué en Amérique du Sud et la lutte telle qu’on l’exerce en Mongolie ou en Russie, influencent le sport au point que des changements de règlements sont parfois adoptés pour que le judo demeure du judo. Les athlètes eux n’ont pas le choix de s’adapter à ces nouvelles réalités. Quand on se bat contre les meilleurs au monde, il faut apprendre leurs pratiques : « Ma philosophie est qu’il vaut mieux connaître les armes de son ennemi pour se défendre, pense Vincent Lavoie. Dans beaucoup de pays, la lutte est très populaire, on retrouve différents styles de lutte et beaucoup de ces gens-là entrent dans le judo et ont apporté leur style de combat. Mon judo est devenu plus varié, avec des mouvements non orthodoxes au judo japonais. Avec Internet, c’est encore plus facile que ce l’était ».
Au moment de lui parler pour l’entrevue, Vincent Lavoie revenait tout juste de faire une compétition de type XMAN Race à Sutton avec des amis sportifs et de judo : « C’est une mode, mais c’est plaisant, dit-il. C’est une course avec beaucoup d’obstacles, c’est drôle ! » L’activité physique fait partie de sa vie. Il a couru des demi-marathons, préfère aujourd’hui les courses de 10 kilomètres et ne dit pas non à un retour en compétition l’an prochain. Question de voir, peut-être, s’il est toujours le meilleur : « J’aime faire des compétitions et des XMAN, en me donnant des buts, ça me motive à m’entraîner, confesse-t-il. On doit être prêt si on ne veut pas souffrir trop trop. Si tu veux faire un marathon, tu ne t’entraînes pas un mois avant. Des fois, ça ne me tente pas d’aller m’entraîner, mais je sais que j’ai un championnat qui s’en vient et que je dois être prêt. » Encore une fois, la motivation passe par se fixer des objectifs, des objectifs réalisables bien ancrés dans le temps. Dit par n’importe qui, cet énoncé vaut ce qu’il vaut. Mais narré par un homme qui a consacré un demi-siècle à la pratique d’un art martial plus que centenaire lui confère un sérieux qui n’a pas besoin d’études poussées pour se confirmer. Si le judo était l’un de ses organes, il occuperait finalement la place du cœur. Car avant de coordonner ses mouvements et de s’en souvenir, Vincent Lavoie aime bouger, aime apprendre et aime enseigner.[/vc_column_text][/vc_column][/vc_row]