Que faisiez-vous lorsque vous aviez 12 ans, presque 13 ? Quelles étaient vos priorités ? Eva-Rose Lupien, pour sa part, vise le sommet en gymnastique. Elle y met toute sa détermination et plus de 20 heures par semaine.
Rencontrée pendant un entraînement, Eva-Rose Lupien, gymnaste chez Gymini, ne réalise pas à quel point sa « routine » n’a rien à voir avec celle de la majorité des jeunes de son âge. Pour elle, tout ce qu’elle fait est tout à fait naturel.
Toutefois, une seule de ses journées pourrait faire abandonner le commun des mortels.
6 h 30 : Eva-Rose débute sa journée.
7 h 30 : Sa mère la conduit de la résidence familiale de Hudson jusqu’à l’école secondaire du Chêne-Bleu à Pincourt (c’est la seule école qui offre le programme sport-études qui lui convienne).
8 h à 12 h 15 : Elle est en classe (elle ne pense qu’à ce qu’elle fera en après-midi).
12 h 30 : Elle saute dans l’autobus qui la conduit au Centre Multisports (elle profite de ce « temps mort » pour manger).
13 h à 17 h 30 : Elle s’entraîne, en étirant au maximum son temps.
Elle doit par la suite reprendre le temps manqué en classe. « Nous couvrons environ 70 % de la matière à l’école. Je dois faire le reste par moi-même », souligne l’athlète avec un naturel désarmant. Elle prépare ensuite ses collations et ses repas du lendemain.
Quand elle a du temps, elle sort courir, surtout les fins de semaine. « Ses entraîneurs conseillent de prendre des congés d’environ une semaine parfois », nous confie Isabelle Marleau, la mère de la jeune fille, « Eva-Rose a hâte d’y retourner après deux jours. »
Le talent de l’athlète pour la gymnastique s’est manifesté très tôt. Inscrite à quatre ans au patin artistique, la petite fille ne semble en avoir que pour la « gym ». Ce sont des amis de la famille qui recommandent aux parents de lui faire essayer ce sport. « Elle aimait se promener en marchant sur les mains ou en faisant des roues. Son talent est inné », se remémore Isabelle Marleau.
Les entraîneurs de Gymini ont tôt fait de constater le talent d’Eva-Rose. Elle a alors fait le saut dans les groupes de compétition. Ce n’a pas été une erreur comme en fait foi son palmarès :
2016 > Championne québécoise chez les Espoirs 1 en plus d’une participation aux Championnats de l’Est du Canada
2019 > Première place à la poutre, troisième place au sol et
septième place au total aux Championnats québécois
2019 > Première à la poutre et au sol, septième aux barres,
huitième au saut et quatrième place au total aux Championnats de l’Est du Canada
Eva-Rose a d’ailleurs été invitée par Gymnastique Québec à son camp Jeune Élite en août dernier. Sur la scène provinciale, elle a eu son carton de participation à tous les championnats québécois depuis 2016, une rareté.
« Ma bête noire demeure les barres », confie la gymnaste en toute humilité. Elle ne désire toutefois pas en rester là. « Quand des spécialistes de cet appareil viennent au club les fins de semaine, j’en profite pour y être aussi », explique la jeune fille avec détermination.
La gymnaste est demeurée à l’abris des blessures. Ce n’est certainement pas étranger à sa constance et sa résolution à toujours faire le nécessaire. Sa mère confie un exemple criant de ce trait de caractère. Celle-ci prépare une concoction riche en calcium afin de lui assurer des os forts. Selon elle, l’odeur de cette « potion magique » en ferait reculer plus d’un. Eva-Rose la boit sans rechigner. C’est bon pour son sport et ses performances. Elle n’a pas besoin de plus pour la convaincre.
Elle affronte avec ce détachement les défis qui se dressent devant elle : « J’ai des objectifs en tête. Je veux faire partie de l’équipe canadienne et devenir championne canadienne. Je rêve aussi aux Jeux olympiques. Je me concentre sur mon défi le plus proche et je l’accomplis avant de passer au suivant. » Aussi simple que cela !
Eva-Rose fait des sacrifices au quotidien, même à l’Halloween. Sa mère explique : « Comme tous les jeunes de son âge, elle aime faire la course aux friandises. La différence est ce qu’elle fait ensuite. Elle va se limiter à un ou deux bonbons par jour. Elle le fait par choix ; elle a une discipline de fer. » La jeune fille est consciente que son mode de vie n’est pas la norme. « Quand je suis invitée à aller passer une soirée chez une amie, je ne peux pas rester tard. J’ai un entraînement le lendemain et je dois être en forme pour me dépasser. Ça ne me dérange pas. J’adore la gym. »
Comment demeurer persévérante et maintenir son énergie avec ce régime spartiate ? « La gymnastique est ma motivation. Quand j’ai moins envie d’aller à l’école le matin, je me dis que j’aurai de la gym en après-midi », lance Eva-Rose. Elle n’est donc pas équilibrée seulement sur une poutre.
Par : Christopher Chartier-Jacques