C’est la grande question que l’on se pose fréquemment. Lorsque je suis blessé à la course à pied, je m’arrête ou je continue? Stop ou encore? Non seulement Plastic Bertrand se posait cette question, mais la plupart des coureurs blessés aussi. Je vais tenter de vous éclairer à ce sujet.
Tout d’abord, il est important de connaître la cause de votre blessure. C’est pourquoi, il faut faire une petite analyse de vos dernières semaines d’entraînement. Il est important de revoir le volume total d’entraînements par semaine que vous avez fait, votre intensité, les dénivelés des dernières semaines effectués, le type de surface utilisée, les chaussures portées et, bien sûr, la fatigue et le stress des dernières semaines. Sachez que chaque changement qui est effectué de façon trop rapide peut amener éventuellement à une blessure. Rappelez-vous que votre corps peut s’adapter aux différents changements pour autant que la capacité d’adaptation des tissus du corps soit respectée!
Par la suite, une fois que vous avez analysé votre entraînement, vous pouvez vérifier de quel type de blessure il s’agit : une blessure de charge, d’amplitude ou de répétition. Lorsque l’on parle de blessure de charge, on parle de blessure de vitesse, de pliométrie ou de montée de côtes. Les blessures liées au surplus de charge sont
principalement les périostites, les fractures de stress, les fasciapathies plantaires, les tendinopathies (achilléennes et rotuliennes) et les syndromes fémoro-patellaires (SFP). Pour ce qui est des blessures d’amplitude (de vitesse ou lors des descentes de côtes), nous avons majoritairement les tendinopathies du psoas iliaque, les lombalgies, les claquages et les fasciapathies plantaires. Finalement, les blessures qui sont dues à la répétition, comme le volume d’entraînement ou le travail répété sur les mêmes surfaces, sont appelées syndrome de bandelette ilio-tibiale (SBIT), syndrome de la patte d’oie ou fracture de stress (plus proximale) et SFP. Une fois que vous comprenez mieux votre blessure et que vous avez décelé le problème, il ne faut pas
arrêter de courir, mais bien effectuer un repos mitigé. C’est-à-dire que vous allez effectuer un transfert dans votre entraînement. Je m’explique : si vous vous êtes fait une blessure de répétition comme le SBIT, vous devez donc diminuer le volume total d’entraînement et fractionner vos sorties de course en course-marche-course. En contrepartie, il est préférable de continuer les entraînements d’intensité et d’amplitude sans toutefois augmenter les symptômes de la pathologie! Il est possible et même recommandé d’ajouter un exercice de transfert qui ne provoque pas les symptômes. Vous conserverez donc les qualités physiologiques de votre entraînement et accélérerez le processus de guérison. Vous pouvez pratiquer la course en eau profonde, la natation, le vélo… mais cela sans dépasser 35 % du volume total d’entraînement, pour ne pas interférer avec la gestuelle normale de la course à pied.
En conclusion, vous voyez qu’il n’est pas nécessaire d’arrêter de courir lorsque vous êtes blessé. La raison principale est la suivante : une désadaptation tissulaire au niveau du membre inférieur se fera lors de l’arrêt de la course à pied, ce qui veut dire que les tissus se fragiliseront à l’impact répété du jogging.
Cependant, il est important d’être bien guidé lors d’une blessure et d’agir rapidement pour ne pas compenser ou augmenter la gravité de la blessure. C’est pourquoi il est important de consulter un spécialiste de la course à pied pour savoir quel est le type d’activité de transfert à effectuer et quels sont les exercices de renforcement, de contrôle ou d’étirement à faire pour favoriser la guérison des tissus. En respectant ces principes de base, vous pourrez continuer à courir et retourner à votre programme d’entraînement… comme avant!
Eric Boucher
Physiothérapeute, expert en course à pied