La famille Martin ne connaît probablement pas grand-chose aux intrigues des émissions télé ni aux matériaux dernier cri des fauteuils rembourrés pour regarder ces dites intrigues. Ici, les soirs se suivent et se ressemblent : papa ou maman monte à bord de la voiture pour transporter les enfants à une pratique, une compétition ou une course. Bien souvent, ce parent revêt son chandail de bénévole et offre son temps à l’une ou l’autre des organisations sportives fréquentées par les jeunes Martin.
Dans ce quatuor, Nayla, l’aînée de Josh, Mikaella et Norah, s’entraîne avec le Club d’athlétisme de Vaudreuil-Dorion et profite des installations du Centre Multi-sports les lundis et mercredis soir et parfois les samedis matin et les jeudis après l’école. À la lumière de ses plus récentes performances à l’échelle nationale, Nayla Martin semble avoir respecté à la lettre le plan de son entraîneur Claude David.
On ne mesure pas le bonheur d’un athlète à ses résultats, dit l’adage qui n’existe pas, mais il est permis de penser que cela stimule sa motivation. Vice-championne provinciale civile sur 800 m et 1200 m, 5e sur 1200 m au Championnat canadien et positionnée dans le top 5 des meilleures athlètes féminines québécoises de moins de 16 ans de l’histoire sur 1200 m, Nayla Martin court avec énergie et intelligence et s’exprime avec la voix d’une vétérane en pleine possession de ses moyens : « Je me considère comme une athlète, affirme l’adolescente qui a eu 16 ans en janvier dernier, car je dédie pas mal ma vie au sport. J’adore bouger! Dans la journée, si je n’ai pas bougé, ça ne marche pas. » Elle a fait ses premières courses à l’occasion du triathlon de l’école Sainte-Madeleine et fut rapidement remarquée et encouragée par son professeur de l’époque, Fred Gagnon. Elle a couru un premier cross-country en envoyant la main à sa mère, puis a remporté la course l’année suivante en regardant droit devant : « C’est là que j’ai découvert que je pouvais aller plus loin et que je pouvais courir plus vite, se souvient celle qui était alors en 5e année. C’est là que ma passion pour la course a commencé. »
Depuis qu’elle fréquente le Club d’athlétisme de Vaudreuil-Dorion, Nayla Martin n’a cessé de nourrir sa passion pour la course. Assidue dans ses entraînements, elle court souvent en solo dans les rues de son quartier en visualisant les possibles scénarios de sa prochaine compétition : « Je me force vraiment et, en prenant mes entraînements au sérieux, je vais peut-être être capable d’atteindre mes objectifs », estime la jeune athlète. Dès septembre, la saison du club s’ouvre sur les compétitions de cross-country qui rythment l’automne jusqu’à la saison intérieure qui se déroule de décembre à mars. C’est à ce moment que la piste du Centre devient la Mecque des coureurs : « C’est vraiment un centre qui offre beaucoup de choses, les infrastructures sont superbes, la piste est vraiment belle et il n’y a pas beaucoup de pistes intérieures au Québec, informe-t-elle. Je me sens chez moi, je suis tout le temps ici! » À l’arrivée du printemps, les coureurs du club sortent et entament la partie la plus importante de leur saison avec les compétitions régionales, provinciales et nationales qui mènent les athlètes et leurs parents à une longue tournée sportive. Le plus beau souvenir de Nayla Martin remonte d’ailleurs à l’été dernier lors du Championnat canadien jeunesse, en Nouvelle-Écosse, où elle a entre autres décroché la médaille d’argent au relais Medley (400 m-200 m-200 m-800 m). Pour les connaisseurs, Nayla court un 800 m en 2:17 et vise un temps de 4:41 au 1500 m l’été prochain. Une fusée qui fait virevolter le vent quand elle passe devant des parents fiers et figés aux abords de la piste.
Pour lui permettre de retrancher quelques précieuses secondes à un temps déjà exceptionnel, tout athlète doit adopter une discipline stricte, parfois exigeante, et accorder sa pleine confiance à son entraîneur : « Claude est souriant et accueillant, il est toujours là pour ses athlètes, avance-t-elle au sujet de Claude David dont le travail pour la course dans notre région est inestimable. Il a toujours cru en moi, même dans les moments où ça allait moins bien. Un athlète a toujours des hauts et des bas, mais il a toujours été là pour me soutenir. » À l’âge où des milliers de jeunes athlètes rêvent de se rendre aux Olympiques, Nayla Martin, elle, rêve un jour à la fois à courir au meilleur de ses capacités, à se rendre le plus loin possible, à rencontrer d’autres coureurs, à fouler d’autres pistes, à voyager avec ses souliers de course. « Je me fixe tout le temps des objectifs par rapport au moment présent, mentionne-t-elle. Si la forme est bonne, mes objectifs sont plus hauts ; sinon, je descends mes objectifs et mes attentes. » Le vent n’a pas fini de tournoyer au passage de Nayla Martin. Quant aux parents, ils n’ont plus qu’à remettre à plus tard le visionnement de leurs émissions préférées, à remplir le réservoir d’essence et à se préparer à rouler longtemps : deux petites sœurs suivent les pas de course de l’aînée…
Par : Patrick Richard