Depuis l’ouverture du Centre Multisports en 2012, la méthode d’entraînement physique nommée cross-training a pavé la voie aux multiples interventions des instructeurs et des professionnels qui œuvrent au bien-être d’une clientèle de plus en plus soucieuse de sa santé.
Né au courant des années 1980, le cross-training, ou le bien nommé entraînement croisé, se définit comme une méthode d’entraînement physique regroupant des exercices dans différentes disciplines permettant d’améliorer la performance globale. Renfermant plusieurs plateaux sportifs et présentant un éventail fort diversifié de cours et d’activités de groupe, le Centre est à même de proposer cette façon de faire à ses membres. En allant y voir de plus près, on apprend en quoi cette pratique améliore les rendements des sportifs aguerris, sert positivement le développement moteur de l’enfant et s’inscrit en ligne directe avec le projet Horizon 2035.
Pour comprendre comment cette méthode d’entraînement se fait au Centre, nous avons rencontré ceux qui vivent le cross-training au quotidien. Davidsen Jugnah, d’abord, directeur de la programmation au Centre, considère cette approche comme une façon de voir les choses différemment. Pour lui, le cross-training favorise l’accès des membres aux activités et unifie l’équipe des professionnels du Centre autour d’une approche globale, loin des répétitions et des vases clos : « C’est comme l’alimentation, illustre-t-il. On se lasse de manger toujours la même chose, et cela n’est pas forcément bénéfique pour la santé. » David Forget, kinésiologue et coordonnateur du conditionnement physique et de la clinique, affirme pour sa part que le Centre se différencie en raison de cette approche à laquelle les gens ne sont pas nécessairement habitués : « Par défaut, les gens se sectorisent, croit-il. Notre but est d’ouvrir les murs à ces gens-là et de les envoyer faire de l’escalade, faire du vélo, découvrir le Centre. C’est ce qui nous différencie. Mais les gens veulent reproduire ce qu’ils connaissent. Ici, c’est un environnement assez rare. »
Cette approche ne servirait à rien si elle n’était pas accompagnée d’une réflexion diffusant les bienfaits de ce type d’entraînement. En fouillant un peu, le curieux trouvera rapidement une étude et une autre détaillant les avantages du cross-training et ce, pour les types de sportifs les plus variés. Davidsen Jugnah établit un parallèle fort intéressant avec ce que nous sommes prêts à faire pour nos enfants, mais qu’on oublie de réaliser pour soi : « De 4 à 12 ans, spécifie-t-il, on laisse les enfants toucher un peu à tout et c’est normal. Mais rendu adulte, on ne le fait plus alors que c’est très bénéfique. » Rappelant que l’estime de soi se construit pendant la jeune enfance, le directeur rattache la découverte de nouvelles activités, le plaisir et la réussite qui en résulte à une meilleure estime de soi :
David Forget précise que les études récentes sur le sujet conduisent toutes dans la même direction et soulignent les nombreux bénéfices à faire travailler son corps dans différentes sphères d’entraînement : « À la base, l’entraînement c’est de stimuler des adaptations du corps dans nos processus bio-mécaniques, moteurs et physiologiques qui vont amener une amélioration, explique-t-il. Donc, plus nous ferons des activités diversifiées, meilleurs nous serons. » Si les avantages physiques et psychologiques de l’entraînement croisé sont abondamment cités dans les études et par les intervenants, l’un des bénéfices moins perceptibles aborde les rencontres forgeant l’esprit de communauté, à commencer par la première d’entre toutes, la famille : « Toute la famille peut faire quelque chose en étant en même temps au Centre, ajoute Nadia Vani, coordonnatrice des cours de groupe. Que l’on soit en forme ou blessé, débutant ou avancé, enfant, adulte ou personne âgée, le Centre sert toutes les strates de la population. »
À l’image d’un restaurant où le client doit choisir parmi une panoplie impressionnante de mets selon ses goûts et l’appétit du moment, le Centre a développé au fil de ses trois années d’existence une offre gourmande d’activités d’entraînement physique pour rejoindre tous les types de sportifs. Mais contrairement à ce client de restaurant planté debout avec son assiette vide sans savoir où pointer son estomac affamé, la personne qui s’inscrit une première fois au Centre sera accueillie et accompagnée. Chaque nouveau membre se voit orienté, dirigé et pris en charge et consulte gratuitement, selon son désir, un kinésiologue mandaté pour le conseiller : « Avant tout, il faut éviter la vente pour de la vente, estime Davidsen Jugnah. Chaque personne présente un profil différent. Nous devons la conseiller et l’orienter vers une pratique de l’activité physique adéquate, dans laquelle elle pourra évoluer et prendre plaisir. » Ayant travaillé dans d’autres centres de conditionnement physique, David Forget admet qu’un vendeur faisait souvent la première approche avec le client alors qu’au Centre, il s’agit d’un professionnel de la santé. Et ce professionnel est bien souvent un kinésiologue, dont l’approche, axée sur les véritables objectifs du client, vise aussi à mettre le cross-training à profit.
Selon les membres et là où ils sont rendus dans leur développement, ce kinésiologue propose plusieurs domaines d’entraînement afin de rendre la personne plus mobile, plus souple ou plus résistante. Il porte bien haut l’idée de meilleurs résultats associés à la pratique d’un autre sport que son sport de prédilection. Davidsen Jugnah donne l’exemple de la vision périphérique développée par le joueur de soccer, habileté que développera moins le joueur de golf en raison des caractéristiques différentes liées à la pratique. « Pourtant, cette habileté peut grandement servir au quotidien, précise-t-il. Notamment lors de la conduite automobile où notre attention “périphérique’’ est en permanence sollicitée ».
Entrecroiser les activités de yoga, de Zumba, ajouter quelques heures dans le Gym Perfo, éveiller les enfants à l’athlétisme ou au mini volley, passer quelques heures sur le mur d’escalade, un peu de vélo ici, dans la nouvelle Zone Vélo Perfo (ZVP) du deuxième étage, un peu de musculation là, ou courir sur la piste d’athlétisme, l’entraînement au Centre ne se résume pas à suivre un cours, rentrer chez soi ou soulever des poids en solitaire pour augmenter sa masse musculaire. « Dans un premier temps, il faut rendre accessible l’activité physique avant de voir comment les membres peuvent pérenniser leur activité », croit Davidsen Jugnah. Aux côtés de la classique perte de poids et du gain de masse, l’adepte du cross-training devra maintenant ajouter l’équilibre, l’intelligence fonctionnelle et le plaisir, entre autres.
Dans l’objectif du projet Horizon 2035, qui vise à créer en une génération un monde où l’activité physique ira de soi, le cross-training représente une pierre dans cet édifice d’une remise en forme globale de la population : « Les gens commencent à diversifier leur entraînement, mentionne Mélissa Boisjoli, coordonnatrice des projets multisports au Centre. On le voit sur le terrain. On s’en va tranquillement vers une habitude et non plus seulement vers une obligation. Mais ça prend du temps », ajoute-t-elle, au sujet de la pratique du sport en général. « En fin de compte, le cross-training représente l’un de ces environnements favorables à partir desquels s’enracinera le projet Horizon 2035. Mais les gens devront être informés, éduqués confesse Mélissa Boisjoli. Il faut que les gens sachent que c’est un centre multifonctionnel, ouvert à toute la populatio régionale et que nous avons tous les outils pour les aider à rester motiver et à progresser dans leurs projets de mise en forme. »
La prochaine fois que vous verrez une montagne collée à votre volonté de remise en forme, observez bien l’horizon, car au pied de cette montagne, les portes du CM sont grandes ouvertes et ses lumières, pointant sur autant d’activités, sauront vous orienter. Qui a dit que le yoga et l’escalade n’allaient pas de pair?
Par : Patrick Richard