Le Cameroun l’a initié au basketball, la France lui a enseigné son métier d’ingénieur, le Québec lui a ouvert les portes pour fonder sa famille et développer sa passion comme entraîneur de basketball féminin.
Stephan Fouejieu habite Pincourt et pratique deux métiers, dont l’un bénévolement. Sans lui, possiblement que les jeunes filles à qui il enseigne hebdomadairement les rudiments du basketball se tourneraient vers un autre sport de prédilection. L’unicité de l’homme ne tient pas plus à sa personne, répètet-il régulièrement, qu’à son dévouement. Il passe énormément de temps à enseigner la contre-attaque et le drible en raison du manque criant de bénévoles dans ce sport trop méconnu. Il entraînait trois équipes et en formait une quatrième au moment où nous l’avons rencontré. En d’autres mots, il pense discipline, et façonne tout ce qui touche de près ou de loin à l’univers du basketball féminin dans notre région, sept jours par semaine et forme les jeunes femmes en devenir : « Je ne travaille pas juste sur le basket, précise l’homme, dont les deux filles jouent aussi à ce sport, mais je travaille sur l’attitude de l’enfant. Je ne coache pas pour coacher et partir. Je donne des responsabilités aux filles et très peu ont quitté le basket parce qu’elles n’aimaient pas jouer. »
Comme plusieurs autres organisations sportives, le monde du basketball est constitué d’un vaste réseau d’équipes, divisées entre les mondes scolaire et civil. Stephan Fouejieu, lui, forme des équipes dans les deux pôles. Pour affronter les équipes de Montréal, il doit redoubler d’efforts pour recruter les filles dans un sport qui, bien souvent, n’est joué qu’épisodiquement : « Avec le bassin que l’on a, on peut bâtir des structures, développer les jeunes et construire le même genre d’équipe qu’à Montréal ou ailleurs », croit-il. Par moment, l’homme apparaît bien seul dans sa quête passionnée. De façon générale, souligne l’ingénieur de formation, les parents sont absents et les jeunes filles jouent trop souvent à l’intérieur d’un gymnase vidé de partisans. Mais l’homme insiste : il est aisé de s’engager dans ce sport, même si on n’y connaît rien : « En deux heures de travail, on peut connaître le sport », croit l’entraîneur qui a l’aisance d’un poisson dans l’eau quand il dirige ses filles dans les matchs et les séances d’entraînement.
Stéphan Fouejieu rêve d’ailleurs de créer une structure assez solide pour qu’elle lui survive afin que les efforts consentis à modeler le visage du basketball féminin chez nous puissent pleinement bénéficier aux jeunes. Quand il parcourt les écoles à la recherche de futures joueuses, les mots lui viennent naturellement : « Il faut l’essayer, ça ne coûte rien et tu développeras ta coordination et tes capacités physiques », lance-t-il souvent en guise d’invitation. Mais plus que tout, Stephan Fouejieu forme des familles, unies derrière un coach dévoué pour son sport et un professeur incarné : « Quand nous allons à Victoriaville pour un tournoi, relate-t-il en guise d’exemple, les jeunes n’oublient jamais ça. Elles s’en vont en individus, elles reviennent en équipe. » Stephan Fouejieu insiste : venez l’essayer, vous découvrirez un sport auquel il fait bon se frotter. Sa porte est grande ouverte, c’est le coach qui l’a dit!