(Français) À peine savait-elle marcher qu’elle s’est mise à patiner. Comme si se laisser glisser sur une surface glacée à l’aide de lames attachées à une bottine était le prolongement normal des premières enjambées.
À peine savait-elle marcher qu’elle s’est mise à patiner. Comme si se laisser glisser sur une surface glacée à l’aide de lames attachées à une bottine était le prolongement normal des premières enjambées. Sarah-Jeanne Carey vient à peine de souffler deux bougies quand ses parents lui mettent des patins aux pieds. À l’occasion des séances de patinage libre à l’aréna de Vaudreuil-Dorion et dans la cour arrière de sa maison où ses parents entretiennent une patinoire, elle développe rapidement une habileté à se mouvoir sur la glace et cherche bientôt une activité encadrée pour progresser. Dans le pamphlet Trait d’union distribué par la ville, ses parents découvrent le patinage de vitesse. Elle s’y rend, du haut de ses six ans, et du plus haut de ses 13 ans : « Dès que j’ai commencé, ça a cliqué tout de suite, affirme Sarah-Jeanne. J’ai vraiment aimé ça, la sensation d’embarquer sur la glace avec les patins, j’essayais de patiner vite. C’est un endroit où je pouvais me défouler en même temps. Je me suis dit que je voulais me rendre le plus loin possible avec ce sport-là. » Cette façon de voir son sport à un si jeune âge l’a certainement aidé à gravir les échelons un à la fois et à se retrouver aujourd’hui parmi les meilleurs de sa catégorie, soit le niveau provincial. « Avec Sarah-Jeanne, fallait que ça bouge, mentionne sa maman Isabelle. Je la voyais davantage là qu’en patinage artistique. »
Peu importe avec qui elle compétitionne, Sarah-Jeanne Carey met en pratique ce que ses entraineurs lui enseignent à raison de quatre fois par semaine, à l’occasion de ses entrainements à l’aréna de Vaudreuil-Dorion. Elle y met les efforts, la discipline et toute la patience qu’il faut pour aller chercher ces quelques fractions de seconde qui ont un effet décisif. Ses médailles s’accumulent sur la corde suspendue installée par son père Patrick dans sa chambre : elle a remporté une médaille d’argent aux Jeux du Québec et une autre au Championnat canadien de l’Est du Canada. Ses médailles, elle en est fière, mais elle passe rapidement à autre chose, plus important que les médailles : « Si tu veux t’améliorer et être toujours meilleure, il faut avoir une certaine souffrance, croit-elle. Ce n’est pas un chemin facile, chaque personne doit surmonter des défis pour arriver là. Il faut apprendre à avoir une bonne attitude et comprendre ce qu’on a moins bien fait pour ne pas le reproduire après. » Ce qu’elle apprend, elle peut certes s’en inspirer à la Cité-des-Jeunes où elle poursuit ses études en concentration sport et l’appliquer dans sa vie de tous les jours. Ce qui s’apprend en suant s’assimile aussi en dormant : « Ça prend une discipline, raconte la patineuse de 13 ans. Ça m’aide dans la vie en général pour m’organiser avec les devoirs, pour coordonner le patin et les études, et je pense que ça m’aide à gérer mon anxiété et la façon dont je vois les choses. »
Si tu veux t’améliorer et être toujours meilleure, il faut avoir une certaine souffrance. Ce n’est pas un chemin facile, chaque personne doit surmonter des défis pour arriver là. Il faut apprendre à avoir une bonne attitude et à comprendre ce qu’on a moins bien fait pour ne pas le reproduire après.
De tous les sports qu’elle a exercés ou qu’elle expérimente encore aujourd’hui, le patinage de vitesse conserve sa place particulière année après année : la première. Quand l’effort est respectable, elle patine bien souvent le sourire aux lèvres : « Mes parents me le disent depuis que je suis petite : faire ce que j’aime. » Ce qu’elle aimerait par-dessus tout serait de patiner dans la Mecque du patinage de vitesse, soit à l’aréna Maurice-Richard à Montréal, là où s’entraine l’équipe nationale. Elle aura bientôt l’occasion de le faire puisque ses prochaines compétitions s’y dérouleront. Entre-temps, elle observe tout ce qu’elle peut regarder en patinage de vitesse, enregistre même des courses et suit de très près les exploits de son idole, Marianne St-Gelais. Sarah-Jeanne possède un amour certain pour son sport de prédilection et apprivoise lentement, mais surement, le bon dosage de vitesse, d’endurance et de stratégie que demande la pratique de ce sport : « Ma distance préférée est le 1000 mètres, admet-elle. C’est une distance à la fois d’endurance et de vitesse, j’aime le fait de pouvoir courser de façon stratégique avec les autres. Des fois, c’est juste de partir en arrière, ou d’effectuer un dépassement à cinq tours de la fin. Parfois, il y a des surprises, il faut juste réagir et effectuer de belles manœuvres ». Cette expérience cumulée profitera assurément aux petits à qui elle enseigne les dimanches et les lundis sur la glace de l’aréna. Mais au-delà des
virages, des accélérations et des départs, Sarah-Jeanne Carey enseigne d’abord et avant tout l’amour. L’amour de ce que l’on fait, surtout si on le fait souvent : « Trouver un sport qui nous fait du bien, essayer de s’améliorer de jour en jour, y aller une course à la fois, explique-t-elle au sujet de conseils qu’elle donne aux jeunes qui, comme elle il y a quelques années, se cherchent un sport à pratiquer. Si tu fais ce que tu as à faire, les résultats viennent tout seuls après. » De jeunes athlètes comme Sarah-Jeanne n’inspirent pas seulement les petits, elle souffle aussi à l’oreille des plus vieux l’idée de vivre sa vie intensément, une minute à la fois et du mieux que l’on peut sans se soucier du fruit de nos actions. De quoi accrocher une médaille d’estime à la corde de toutes ses médailles remportées.
Trouver un sport qui nous fait du bien, essayer de s’améliorer de jour en jour, y aller une course à la fois.
Patrick Richard